Dans l'Angleterre victorienne, une orpheline, Sue, est embauchée par un escroc, Gentleman. Celui-ci veut qu'elle devienne la domestique d'une jeune fille un peu naïve, Maud, afin d'aider Gentleman à la séduire, s'enfuir avec elle pour se marier et ensuite l'abandonner dans un asile afin de capter son héritage. Car Maud, orpheline elle aussi, vit avec son oncle, grand collectionneur de livre, et elle ne pourra toucher son argent que lorsque qu'elle sera mariée. Mais Sue va se heurter à un imprévu : ses sentiments à l'égard de Maud vont passer de l'indifférence à l'amour et il va être de plus en plus difficile pour elle de participer à cette arnaque et de conduire Maud à l'asile.
Commençons par un aveu : ce roman a été adapté en film et ce n'est qu'à la fin de la première partie et de son remarquable twist que j'ai fait le lien (je ne vous donne pas le titre du film, ce serait un spoiler terrible). J'ai néanmoins une excuse : le film a relocalisé l'action en Asie ce qui n'aide pas à faire le lien tout de suite.
Roman à twist donc, à multiples twists même, avec son escroquerie à plusieurs niveaux, où les pièces s'imbriquent tout au long de ses 750 pages, sans pour autant être artificiel ou sembler en faire trop. Le talent de Sarah Waters, l'agilité qu'elle met dans la construction de l'intrigue, font de ce roman un véritable page-turner malgré sa complexité.
Mais Du bout des doigts (un titre à plusieurs sens) est aussi un roman sur les femmes, sur ce qu'elles pouvaient réaliser et ce qui leur était interdit dans l'Angleterre du 19e siècle, sur une relation lesbienne difficile à assumer de part et d'autre, sur leur rapport à une certaine littérature (évitons de spoiler). C'est un roman riche par ses personnages, par sa description de la société victorienne populaire, par sa construction.
Alors un seul conseil : n'ayez pas peur de son épaisseur et lisez-le.
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