Jane Austen a gâché ma vie, Laura Piani

Ayant enchainé deux films dans des milieux laissés pour compte du capitalisme (l'excellent Bird et Les feux sauvages) et deux films avec des maladies incurables (La chambre d'à côté et En fanfare), j'avais besoin d'un peu de légèreté. Jane Austen m'a gâché la vie m'a paru être le film adéquat.

Agathe est libraire bilingue dans une célèbre librairie anglaise de Paris. Sa vie est une longue série de problèmes : ses parents sont morts dans un accident de voiture, elle n'a pas connu l'amour depuis plusieurs années, elle écrit des romans qu'elle n'ose pas envoyer à un éditeur, persuadée que ses créations sont médiocres. Mais son collègue le fait sans lui dire et elle est acceptée en résidence d'auteur à la Jane Austen Residency. Après moultes atermoiements, elle s'y rend et est accueillie par l'arrière petit neveu d'Austen, un anglais bougon et divorcé.

Le scénario est assez limpide : on est dans une comédie romantique Enemies to lovers. Dès le premier plan avec cet anglais râleur on comprend comment cela finira. Mais l'important n'est pas là : le film est charmant, depuis ses rayonnages de livres jusqu'à cette maison et ses occupants terriblement anglais, son vieux propriétaire atteint d'alzheimer, sa délicieuse femme qui gère tout ce petit monde, et surtout Agathe (brillamment interprétée par Camille Rutherford), ses névroses, son immense complexe de l'imposteur, son manque d'estime de soi et sa panne d'écriture. Alors oui, cela ne va pas très loin, on est dans une comédie légère où le plus gros souci est une panne de voiture, où on vit dans une bulle remplie de gens intelligents et où les problèmes du monde extérieur n'existent pas, mais cela n'est pas bien grave, on est venu pour passer un bon moment et le contrat est rempli.

Ah, et en bonus ultime, l'immense Frederick Wiseman nous lit un poème. Que demander de plus ?

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