
Newland Archer, jeune homme de l’aristocratie new-yorkaise de la fin du 19e, doit épouser May Welland. Mais le comtesse Ellen Oleska, une amie d’enfance mariée à un noble européen qu’elle a fui revient à New-York avec l’intention de divorcer. Newland est tiraillé entre May, avec qui il aura une vie tranquille voire terne, et Ellen, celle qu’il aime réellement, mais qui sera source de scandale.
Écrit en 1920 par Edith Wharton, elle-même issue de ce milieu newyorkais, ce roman est la description d’une société figée dans ses principes, où le respect des règles est plus important que tout le reste, où le paraître dirige tout, où la seule apparition d’une femme voulant divorcer dans une loge d’opéra semble être un scandale insurmontable. Wharton, mariée à un homme fade, a elle-même divorcé et s’est installée en Europe ; elle a visiblement des comptes à régler avec ce carcan aristocratique. Le Temps de l’innocence n’est certes pas un roman des plus agréables à lire, tant la vie factice et ennuyeuse de cette haute-bourgeoisie est insupportable, et si Newland Archer rate sa vie presque aussi bien qu’Emma Bovary, on est impressionné par la manière dont Wharton nous décrit ce monde tout comme on était impressionné par le réalisme cruel de Flaubert. Le Temps de l’innocence a remporté le prix Pulitzer en 1921 et a été adapté au cinéma par Scorcese en 1993,
(Il faudra m’expliquer pourquoi l’éditeur français ne daigne pas mettre le prénom d’Edith Wharton sur la couverture. J’avais déjà remarqué cela avec George Eliot chez un autre éditeur. Étant passé récemment dans des librairies anglaises, ce n’est pas le cas des versions originales.)