Sinners, Ryan Coogler

Dans le sud ségrégationniste américain des années 30, deux frères jumeaux reviennent après avoir ramassé un peu d’argent à Chicago au service du crime organisé. Ils veulent ouvrir un club de blues et recrutent un jeune musicien, fils de pasteur et métayer dans une plantation de coton. Mais sa musique, à l’instar de celle de Robert Johnson (le bluesman qui aurait vendu son âme au diable en échange de son talent), est surnaturelle et ouvre une porte dans le temps et dans l’espace et la soirée d’inauguration est perturbée par des vampires musiciens.

Entre Ryan Coogler et Michael B. Jordan (qui joue les deux frères jumeaux), Sinners a tout du blockbuster. On y retrouve les recettes habituelles : un scénario simple et linéaire, un décor de carte postale, des méchants facilement identifiés, des héros soit gentils et naïfs soit en cours de rédemption, des scènes d’action régulières et un peu de romance. Il ne faut pas prendre trop au sérieux le scénario : cette histoire de vampires n’a guère de finesse, nous sommes loin de la remarquable série Entretien avec un vampire. Et ces mordeurs qui aiment la musique et pratiquent la danse celtique sont plus amusants qu’effrayant ; si le sang coule beaucoup par moment, le réalisateur évite tout effet vraiment gore et reste dans l’horreur bon enfant.

Mais Sinners ne s’arrête pas là : c’est aussi un film sur le pouvoir de la musique et sur le blues en particulier. La bande son est une merveille : beaucoup de blues (dont une apparition du légendaire Buddy Guy), mais aussi un peu de musique traditionnelle irlandaise et redneck. L’une des meilleures scènes du film est d’ailleurs une scène musicale, quand lors d’un morceau de blues apparaissent des musiciens et danseurs d’autres époques et que leurs musiques s’entremêlent. C’est grâce à toute cette musique que le film marche aussi bien, que ses 2h17 passent sans ennui. Enfin, si le film peut paraître un peu simple dans son discours (nous ne sommes pas non plus chez Jordan Peele), il est dénué de l’humour cynique devenu trop courant dans les blockbusters actuels. On ressort donc de la projection plein de musique, content d’avoir vu un divertissement qui fonctionnait bien, et c’est déjà beaucoup.

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