En fanfare, Emmanuel Courcol

Thibaut, un chef d’orchestre de renommée internationale atteint d’une leucémie découvre, lorsqu’il a besoin d’une greffe de moelle osseuse, qu’il a été adopté et qu’il a un frère, Jimmy, cuistot dans une cantine d’une petite ville du nord. Ce frère joue du trombone dans l’orchestre local, principalement composé des ouvriers et ouvrières de l’usine de la ville en cours de délocalisation et que les salariés occupent.

Il y a 2 cinémas français : d’un côté les drames sentimentaux de bourgeois habitant dans de grand appartements haussmanniens, et les drames sociaux ancrés dans le prolétariat en cours de disparition (ok, je force un peu le trait). En fanfare appartient bien évidemment à la seconde catégorie. Cet homme privilégié découvre par nécessité un monde qui n’a rien à voir avec le sien, et malgré sa gène et un peu de condescendance, s’aperçoit qu’ils ont une valeur commune, la musique, et qu’il doit son statut avant tout à son lieu de naissance.

Le message peut sembler naïf et on pourrait craindre un traitement simpliste, mais c’est filmé avec une vraie gentillesse et une vraie conscience. Le scénario est plus fin qu’il n’y parait, et ce sont finalement les prolétaires qui viennent au secours de ce bourgeois, d’abord par cette greffe, puis dans une magnifique scène finale débordant d’émotions. Pour autant, le film ne fait pas dans le culte du prolétariat : les personnages ne sont pas lisses, ils commettent des erreurs, ont aussi leurs problèmes et leurs faiblesses, comme l’ancien chef de la fanfare qui part en Roumanie former ceux qui vont le remplacer et qui préfère le taire à ses collègues. De même, les frontières de classe ne se gomment pas ; Jimmy l’apprend à ses dépens en pensant pouvoir auditionner pour un orchestre classique et la réaction de Thibaut le blesse profondément, lui rappelant qu’un plafond de verre existe et qu’il ne pourra pas changer de classe sociale.

Évitant tout angélisme et bien qu’il soit jonché de maladie, de chômage et de mensonges, En fanfare est un film émouvant et quelque part joyeux, porté par des acteurs impeccables : Benjamin Lavernhe en chef d’orchestre et Pierre Lottin dans ce rôle de grognon attachant qui évite tout surjeu, plus proche de Jean-Pierre Bacri que de Raphaël Quenard, ainsi que Sarah Suco, voix de la raison au milieu de cette agitation.

Allez le voir de ma part si ce n’est déjà fait, ce film vous fera du bien (et certainement un peu pleurer).

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