Le serpent de l’Essex, Sarah Perry

Maintenant que je vous ai présenté Mary Anning, la paléontologue autodidacte, dans le précédent billet, Je peux vous parler de Cora Seaborne et de son mystérieux serpent.

Point de biographie cette fois, nous sommes en pleine fiction. Toujours dans l’Angleterre victorienne, Cora Seaborne est délivrée d’un mariage pénible à la mort de son époux. Mariée trop jeune, elle n’a connu que cette vie morne au côté d’un homme détestable. Aussi, passée la tristesse feinte du deuil, laisse t-elle libre cours à sa passion, la paléontologie, et veut-elle marcher dans les traces de son modèle, Mary Anning. 

Accompagnée de son amie Martha et de son fils Francis (un adolescent au comportement étrange qui serait certainement diagnostiqué autiste aujourd’hui), Cora se rend dans un petit village de la côte de l’essex où une légende de deux siècles et quelques témoignages récents attestent de l’apparition d’une mystérieuse créature, un serpent géant. Cora va se lier au pasteur local et à sa femme, alors que Luke, un chirurgien londonien, a de plus en plus de mal à cacher son amour pour Cora.

Le serpent de l’Essex est un livre qui part un peu dans tous les sens : roman d’apprentissage tardif via son personnage principal qui ne s’émancipe que suite à la mort de son mari, roman rural avec ce petit village, ses personnages folkloriques et ses légendes et superstitions, roman social traitant des mauvaises conditions de logement des travailleurs pauvres de Londres et des préjugés de classe de la bourgeoisie, roman religieux avec ce pasteur dont la foi est mise à l’épreuve, enfin roman sentimental avec les multiples relations inachevées ou ratées entre les différents personnages.

Cela pourrait faire peur, mais Sarah Perry maîtrise grandement ses sujets et fait de Cora la personne autour de laquelle tout gravite. L’innocence, la maladresse, mais aussi la volonté et l’énergie de cette femme trop longtemps enfermée dans son rôle d’épouse et qui ne connait pas grand chose de la vie et du monde quand elle accède enfin à la liberté permettent à l’autrice de développer tous ces thèmes avec harmonie, attribuant des rôles bien précis aux personnages secondaires, se permettant des appartés sans rapport avec l’intrigue principale sans pour autant ennuyer le lecteur, nous dressant un portrait détaillé de l’Angleterre de l’époque. 

On aimerait tout simplement que Cora ait réellement existé, qu’elle eut été l’héritière un peu maladroite de Mary Anning et on s’imagine la croiser dans le Londres du 19e, profiter aussi bien de sa fougue que de ses maladresses. Alors lisez Prodigieuses créatures de Tracy Chevalier puis enchaînez avec Le Serpent de l’Essex et vous aurez bien du mal à vous retenir d’aller visiter les côtes anglaises, aussi bien pour ses fossiles que pour ses personnages.

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