
Karsh (anagramme auditif de Crash ?) est inconsolable depuis la mort de sa femme. Ayant fait fortune dans la vidéo, il construit un cimetière « innovant » pour rester près d’elle, où plutôt de son corps. Les morts de son cimetière sont enveloppés dans des linceuls hightech qui projette l’image du corps en temps réel sur un écran de la pierre tombale et sur une application smartphone. Ainsi, les proches éplorés peuvent suivre en temps réel la décomposition du cadavre. Mais 9 de ces tombes sont cassées une nuit, victime d’un vandalisme d’origine inconnue.
J’étais allé un peu à reculons voir ce nouveau film de Cronenberg. Son précédent, les crimes du futur, m’avait profondément déçu. Les Linceuls tourne autour de son triptyque habituel : le corps/le sexe/la mort. Avec toujours du body horror : le cadavre en décomposition bien évidemment, mais aussi des corps mutilés, amputés, couverts d’immenses cicatrices et des scènes de sexe plus remplies de tension que d’érotisme. C’est évidemment bien fait, comme toujours avec Cronenberg, aidé par une distribution qui connait son métier, mais malheureusement le scénario s’égare : de complots en illusions, on comprend assez vite que cette histoire de vandalisme n’est qu’une excuse pour déployer les relations étranges, voire glauques, entre les personnages et on est pas surpris de n’avoir aucune explication à la fin, à force de nous montrer des fausses pistes sans grand intérêt (un coup les chinois, un coup les russes, un coup les écolos islandais, un coup l’IA). On est très loin de Crash qui avec les mêmes thèmes était bien plus pertinent.