Harvest, Athina Rachel Tsangari

Une petite communauté agricole d’une cinquantaine de personnes exploite les terres de leur maître. Alors que la grange a été en partie détruite dans un incendie et que deux suspects étrangers au village ont été mis au pilori (au vrai sens du terme : le poteau où on coince la tête et les bras d’un condamné), un cartographe arrive, envoyé par le maître, pour faire le plan des terres.

Adaptation d’un roman de Jim Crace, « Moisson », doté d’une affiche à mi-chemin entre Jérôme Bosch et l’American Gothic de Grant Wood, Harvest est un film étrange, mélangeant folk horror (j’ai tout de suite pensé à l’énigmatique Enys Men en moins expérimental) et lutte paysanne.

Décrivant une communauté aux techniques archaïques qui n’utilise pas de machine, se méfie des étrangers, subit une vie de misère sans vraiment se rebeller, et qui préfère s’en prendre à son instrument (le cartographe) quand le maître annonce des changements, le film alterne entre les scènes lumineuses de la vie campagnarde à la photo somptueuse et le côté sombre de ce petit monde qui rend la justice lui-même quitte à se tromper. Personne ne sort grandi de cette fable, mais personne n’est complètement mauvais non plus, en dehors peut-être du nouveau propriétaire dont le seul but est d’augmenter le rendement des terres, digne représentant du capitalisme transformant le monde en détruisant la vie. Harvest est un beau film, rempli d’étrangeté, de personnages ambigus (on soulignera d’ailleurs la qualité de l’interprétation), qui aurait peut-être mérité un montage un peu resserré pour faire disparaître quelques longueurs.

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